Les maux du corps, le déni, l’explosion
Il est 6h20, un mardi d’hiver, le réveil sonne dans 30 minutes, mon dos me fait terriblement mal.
Depuis quelques semaines, une hernie discale s’est installée sur ma colonne vertébrale. Cette colonne qui me tient droite, qui supporte mon corps de la tête au bassin, héberge cette hernie qui me tord, m'insupporte et me limite.
Cette hernie qui rythme mes nuits, obstrue mes journées me fait rugir plutôt que réagir. Je bougonne et prends sur moi. Convaincue que ça passera.
Mon quotidien déjà bien rempli par la gestion familiale d’une tribu de 3 enfants et par mon job de cadre supérieur, doit pourtant faire une place à cette douleur.
Les séances de Kinésithérapie deviennent le rdv hebdomadaire à ne pas manquer; les exercices posturaux mes rituels; les anti inflammatoires, ma drogue dure.
Cette douleur se rajoute à ma charge. J’en ai plein le dos
Après plusieurs mois de douleur, cette hernie discale se prolonge et devient crurale. Une douleur saisissante s’est installée de la sortie de la colonne vertébrale jusqu’au pied. Une douleur vive qui paralyse ma jambe gauche et m'empêche d’avancer, de continuer
Cette fois, un temps d’arrêt s’impose car c’est l’opération chirurgicale.
Nous sommes le 21 septembre, j’entre au bloc. Je m’éteins sous le compte à rebours de l’anesthésiste.
2h plus tard en salle de réveil; Les bruits des sonneries, les voix lointaines des infirmières me ramènent doucement à la conscience.
« Réveillez vous Élodie » « on se réveille ». « Élodie, allez on ouvre les yeux, tout s’est bien passé ».
J’ai le corps lourd et relâché puis les larmes surgissent (et ne quitteront plus pendant plusieurs semaines).
Ce réveil me laisse vide, épuisée, perdue. Cet état inexpliqué et grandissant m’habite.Mon séjour hospitalier passe de 1 nuit initialement prévue à 5 nuits.
L’hypnotiseur me rend visite chaque jour pour une consultation.
Au cœur de ce vide: mon job. Je suis directrice de magasin pour une grande enseigne de bricolage depuis 10 ans. J’ai en charge la gestion d’un magasin de 170 personnes et des Millions d’euros de chiffre d'affaire.
Mon parcours pro c’est une autoroute : diplômée d’un Master, une alternance en grande distribution et des postes clés occupés : hôtesse, responsable de rayon, chef de produits, chef de secteur, directrice de magasin.
20 ans de carrière. L’ascension verticale. L'assurance d'un emploi stable dans une Entreprise solide.
Tout devrait aller bien mais je me sens vidée, épuisée.
L’épuisement: ce quelque chose qui prend toute la place en créant un vide intersidéral. Ce sentiment, cette boule au cœur qui descend jusqu’au ventre, et fait trembler les jambes.
Je deviens spectatrice de mon état. Je n’arrive pas à prendre le dessus, l’expliquer. Objectivement tout devrait aller bien mais quelque chose de plus grand se passe.
Est ce la pré quarantaine ? L’après covid ? Une quête de sens alors que la société est en pleine mutation ? Un quotidien bien trop chargé ? Le tour d’une mission ? Ce nouveau boss avec qui ça ne passe vraiment pas ? Cette nouvelle équipe qui me demande beaucoup d'énergie ?
Est ce un besoin d’autre chose ? de plus beau ? de plus grand ? de plus cohérent ?
Je sors de l’hôpital vidée. Mon arrêt de travail se prolonge.
Ce vide immense non invité qui s’est imposé me conduit à prendre une grande décision. Sans trop savoir pourquoi mais pour moi.
Nous sommes en décembre, j’ai 38 ans et après 20 ans de carrière en grande distribution je quitte mon emploi et je ne connais pas la suite.
A suivre...
Cecile
Bravo ma Elo, pour ton texte, pour tes mots, ton courage et tout et tout! Je t’embrasse.
Cecile
Rosset
Quel article, c’est incroyable comme le corps peux nous dire certaines choses,
C’est un bel article j’ai déjà hâte de lire la suite
Charly
StÉpHAnIe
Wahou
Je suis toute chose…
Tu écris vraiment très bien
Je suis admirative
Je me languis de lire la suite!
Baisers jolie Elodie ❤️